Ces derniers temps, des indisponibilités de certains médicaments à la pharmacie du coin ou dans la pharmacie hospitalière sont régulièrement rapportées. Il s’agit d’ailleurs souvent d’une information exacte, même si parfois ce problème est sciemment mis en lumière pour servir d’autres agendas.
De temps en temps, des propositions sont aussi faites pour lutter contre ce phénomène en imposant aux filiales belges des entreprises pharmaceutiques des sanctions financières importantes, amendes et/ou autres compensations individuelles. Celles-ci seraient sensées effrayer les ‘dures à cuir’ des entreprises. Un peu comme dans le trafic routier, lorsque l’on espère lutter contre le comportement imprudent des chauffeurs en leur infligeant de lourdes amendes.
Si seulement cela était aussi simple. A la différence d’un conducteur de voiture, une entreprise pharmaceutique n’agit pas toute seule. Non seulement, les entreprises pharmaceutiques belges font le plus souvent parties d’un grand groupe international, mais la production et la distribution des médicaments est en plus souvent organisée au niveau mondial via des chaînes d’approvisionnement, qui sont interconnectées, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur d’un groupe pharmaceutique individuel. Lorsqu’un problème survient quelque part, par exemple en cas d’incendie ou d’un ouragan détruisant une usine de production, la filiale belge mettra tout en œuvre pour être en mesure de continuer à fournir notre marché (par exemple en recourant à des stocks existants). Personne ne déçoit évidemment volontiers ses clients.
Dans ce type de situations, la menace de lourdes sanctions individuelles produira dans un certain nombre de cas un effet inverse à celui recherché. On a beau retourner la question dans tous les sens, d’un point de vue international, le marché pharmaceutique belge reste un joueur de petite taille. En particulier pour les médicaments dont le brevet a expiré, se rajoute le fait que leur prix a baissé de manière importante ces dernières années (ainsi le prix ex-usine moyen d’un médicament générique a baissé ces cinq dernières années de plus de 30%). En bref, la limite de faisabilité économique est simplement atteinte. Si on rajoute maintenant à cela la menace de sanctions financières en cas d’incapacité à livrer un médicament, pour une raison ou l’autre, alors on peut être certain que la Belgique ne sera plus reprise dans la liste des pays éligibles pour la distribution d’un médicament.
Cela signifie-t-il pour autant que les pénuries de médicaments doivent être banalisées et subies passivement ? Certainement pas. D’ailleurs, si une vraie pénurie de médicaments devait avoir pour conséquence de menacer sérieusement la qualité ou même l’espérance de vie, alors on ne voit pas bien en quoi les patients et les professionnels de la santé seraient aidés par un petit jeu de sanctions financières, dignes du père fouettard Car pour cela, d’autres solutions structurelles sont nécessaires. Medaxes y a d’ailleurs travaillé durement ces derniers temps avec d’autres stakeholders. Par exemple en développant une proposition d’arbre de décision pour la prévention des pénuries jugées imminentes. Et plus encore, en poursuivant la construction d’une e-plateforme, couplée à la mise en place d’une obligation de notification en cas d’incapacité de livrer endéans les trois jours.
Medaxes entend bien continuer à s’engager activement sur cette voie. Mais brandir ici et là les menaces de lourdes sanctions financières ou de mécanismes de compensations individuels n’aidera pas à avancer. Vraiment pas.